Cappadoce

Notre première visite en Cappadoce est la vallée d'Ihlara. Plus qu'une vallée il faut imaginer une fissure dans le plateau de chaume, un canyon au fond duquel serpente un petit torrent agile. Des peupliers à peine en feuilles frissonnent dans l'air, les oiseaux s'en donnent à cœur joie; nous descendons de bonne heure.

A pied et sur quelques kilomètres nous découvrons l'habitat troglodyte qui en fait sa réputation. Quel bonheur, cette balade!

Les moines qui ont vécu là, cachés des différents envahisseurs, ont laissé derrière eux leurs cellules, leurs réfectoires, leurs églises … taillés dans le tuf. Un certain nombre d'entre elles sont encore ornées de belles fresques et toutes portent des noms délicieux : église odorante, église sous l'arbre, église au serpent, église à la terrasse ...

La Cappadoce est réputée pour son habitat troglodyte, ses paysages incroyables et c'est à Uçhisar que nous les découvrons vraiment. Arrivées en fin de journée nous nous installons sur la place du village et n'entreprenons l'ascension du « château » que le lendemain matin.

L'ascension, car, plus qu'un château, il s'agit d'un piton rocheux qui domine le plateau. Il ne se visite pas mais le panorama à son sommet découvre une vue à 360° où le regard porte si loin qu'à l'horizon il confond ciel et terre.

De là-haut nous apercevons au pied du château quelques rochers percés de trous qui piquent notre curiosité … Un tour dans le vieux village aux belles maisons grecques (pour nombre rachetées par des étrangers et notamment des français) et nous voilà face à nos premières « cheminées de fée ».

Sans pareil, inouï, incroyable!

Très sensible au paysage qui vallonne sous mes yeux, je me sens immédiatement transportée dans un décor de bande dessinée. Où sont les elfes, les schtroumpfs, les petits nains qui habitent là?

Prenez un crayon.

Sur votre feuille dessinez quelques ondulations et sur l'une d'entre elles placez un gros bloc massif : ce sera le château. Vous pouvez y planter tout en haut le drapeau turc, il y flotte bien!

Ensuite c'est facile: vous tracez un peu partout des cônes dont le haut est arrondi. Vous pouvez en serrer certains entre eux ou bien en isoler d'autres, vous pouvez aussi leur donner des formes, ici un fantôme, là le profil d'un personnage, plus loin celui d'un dragon assis … Il ne vous reste plus qu'à ajouter les fenêtres, les portes, les escaliers et vous y êtes!

Une autre surprise m'attend le matin suivant à Göreme, tout aussi magique.

Matinale de nature je commence toujours la journée la première en prenant mon café dehors, le nez au vent dans cette paix particulière de l'aube. Je suis donc là, assise sur un bord de pierre, tasse en main et cœur dans les nuages lorsque tout à coup mon regard perdu à l'horizon y accroche des boules de couleur qui s'élèvent lentement. Des montgolfières!

Des tas de montgolfières, au moins deux dizaines, peut-être trois!

Certaines déjà hautes ne sont que de petits points sombres mais d'autres sont si proches que j'entends leur souffle! C'est d'une beauté fantastique ces ballons colorés qui glissent lentement dans le ciel, s'élèvent, descendent, presque sans bruit. Ébahie, transportée, je saute sur mon appareil photo et cours dans le village endormi à la recherche d'un promontoire …

Nous reprenons la route ce matin, quittant la Cappadoce, ses églises peintes, ses maisons troglodytes, ses vallées hérissées de cheminées de fée … le ciel est bleu, lavé par l'orage de cette nuit ...

S. Göreme, 21 avril.

Comments

[brucile84]

vous êtes sur quelle route ?? la D300 ??

[vio*vio]

Bravo mamouchka, très beau texte, ça me fait rêver... Vraiment magique !!

[brucile84]

les photos, super ! Pour ce qui est des montgolfières, l'imagination de chacun de nous, les lecteurs, n'aurait pas été à la mesure !
La photo des habitats des " petits nains " fait merveille en fond d'écran, quel dépaysement !